2003-2006
À Melbourne, Assange étudie les mathématiques, la physique, la philosophie et les neurosciences à l’université. Il ne passe aucun diplôme mais développe une réflexion sur un « journalisme scientifique » comme fournisseur d’informations brutes suivant la conviction qu’« on ne peut lutter contre les injustices qu’à partir du moment où elles sont révélées ».
FONDATION DE WIKILEAKS
2006
Octobre-décembre. En réponse à l’affaiblissement des médias traditionnels et à l’utilisation généralisée d’Internet, Assange fonde WikiLeaks avec une dizaine d’activistes et une poignée d’alliés dans le monde. Outil de publication en ligne, WikiLeaks permet notamment aux « lanceurs d’alerte » scandalisés par ce qu’ils voient et dont la révélation a un intérêt public de faire fuiter des documents secrets en protégeant leur identité par un système de cryptage des données. WikiLeaks se veut apolitique : il s’agit de s’attaquer aux « ennemis de la vérité », précise Assange.
Suivant un principe cher aux Cypherpunks, WikiLeaks oppose la « transparence des États » à la « vie privée des citoyens » et veut exposer les premiers et protéger les seconds en faisant de la cryptographie un « fondement de la liberté et de la démocratie ».
Avant de s’installer à Nairobi (Kenya), c’est dans un petit appartement parisien qu’Assange finalise, sur son ordinateur portable, le codage informatique de WikiLeaks. Son petit regret du moment : ne pas avoir été prêt pour la campagne présidentielle qui conduit Nicolas Sarkozy à l’Élysée.
Pour constituer un comité de soutien, Assange contacte Daniel Ellsberg, l’un des premiers « lanceurs d’alerte » pour avoir révélé au New York Times, en 1971, les 7 000 pages confidentielles des Pentagon Papers afin d’« informer le public américain qu’il avait été trompé sur la nature de la guerre du Vietnam » 4.
Dans sa quête, Assange compte sur le soutien de John Young, fondateur en 1996 du site Cryptome – qu’il tient pour son « mentor » et dont il s’est inspiré pour WikiLeaks. Après avoir impérieusement conseillé à Assange de travailler dans l’ombre, Young émet de nombreuses critiques sur le projet, dont il s’éloigne très vite en justifiant sa position par la publication de leur correspondance – notamment sur le financement de WikiLeaks qui envisageait un temps de faire appel au milliardaire George Soros.
4. Soutien toujours actif de WikiLeaks, Daniel Ellsberg témoignera en faveur d’Assange lors des audiences en extradition de 2020 – lire « Journalistes et lanceurs d’alerte au secours de Julian Assange », Jérôme Hourdeaux, Mediapart, 19 septembre 2020.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur © Hacking Justice (Livre + Film en téléchargement)