2009
Février. Publication par WikiLeaks de 6 780 rapports commandés par le Congrès américain au Congressional Research Service (CRS) qui fonctionne avec un budget annuel de près de 100 millions de dollars et dont l’absence de transparence fait débat aux États-Unis. Ces documents révèlent les coulisses des élus à leurs électeurs, notamment sur les relations des États-Unis avec Israël ou encore des données sur l’effondrement financier de 2008.
5 mars. Assassinat à Nairobi de John Paul Oulu et d’Oscar Kamau Kingara, militants des droits humains impliqués dans la rédaction du rapport sur l’affaire de corruption au Kenya diffusé par WikiLeaks en 2007.
Juillet-août. Publication par WikiLeaks de la liste des emprunts douteux contractés par la principale banque islandaise, Kaupthing, avant son sauvetage à la suite de la crise des subprimes. Entre octobre 2008 et janvier 2009, la population avait protesté lors de la « Révolution des casseroles », le coût du sauvetage bancaire étant estimé à 45 000 euros par habitant. Le 1er août, alors que la principale chaîne de télévision islandaise (RÚV) s’apprête à diffuser l’enquête du journaliste Kristinn Hrafnsson sur le délit d’initié de Kaupthing, une décision de justice l’en empêche. La chaîne remplacera son journal télévisé par le sigle de WikiLeaks, renvoyant sur le site ceux qui veulent s’informer.
Septembre. WikiLeaks se procure le « rapport Minton », document sur Trafigura, multinationale hollandaise basée à Londres et spécialisée dans le transport de pétrole et de matières premières. Ce rapport prouve qu’en 2006, plutôt que de procéder au traitement prévu à Amsterdam, Trafigura a déversé des déchets toxiques dans des décharges d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Enterré par la multinationale et révélé par WikiLeaks, ce rapport conclut que ces « économies » ont fait 108 000 victimes. Les médias britanniques reçoivent une « injonction secrète » de leur gouvernement leur interdisant de mentionner le rapport Minton. Après une action en justice que la BBC et le Guardian perdent, la mobilisation sur les réseaux sociaux impose la publication du rapport.
25 novembre. Publication par WikiLeaks de 570 000 messages issus des échanges sur pagers lors des attentats du 11 septembre 2001, dont ceux du Pentagone et de la police de New York. Ces documents bruts, qui rendent compte de l’état d’esprit des citoyens états-uniens et de l’émotion suscitée par ce drame, permettent de comprendre l’acceptation de la propagande de guerre et ses mensonges. « Nous espérons que [ces publications, précise WikiLeaks] permettront une compréhension plus nuancée de la façon dont cette tragédie et ses conséquences auraient pu être évitées 6. »
Pour exploiter ces centaines de milliers de messages, WikiLeaks met à disposition de ses lecteurs un moteur de recherche et un outil de tri par mots-clés 7.
Décembre. Lors d’une visite en Islande, où WikiLeaks est plébiscité depuis l’été, Assange propose de faire de ce pays un « paradis de l’information » (plutôt qu’un « paradis fiscal ») en établissant, à partir du meilleur des Constitutions en faveur de la liberté d’expression, un « package de lois » sur la protection des sources et des journalistes.
6. Ed Pilkington, « Wikileaks publishes 570,000 messages capturing chaos of 9/11 », The Guardian, 25 novembre 2009.
7. « Plus de 500 000 messages du 11 septembre 2001 publiés », Le Monde, 26 novembre 2009.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur © Hacking Justice (Livre + Film en téléchargement)