1996-2010
Le nombre de documents classés « secret-défense » aux États-Unis est passé de 5,6 à 92 millions 8 – notamment après le l1-Septembre, les agences gouvernementales (CIA, NSA, FBI) ayant été critiquées pour n’avoir pas assez communiqué entre elles 9.
2010
— En Islande, Julian Assange et Daniel Domscheit-Berg (le duo qui anime désormais WikiLeaks) réunissent en secret une dizaine de personnes dont le journaliste Kristinn Hrafnsson, la poète et députée Birgitta Jónsdóttir (une des fondatrices en 2012 du Parti pirate islandais) et Jacob Appelbaum, un des membres actifs du Tor Project (réseau auquel est adossé WikiLeaks) pour travailler sur le « paradis de l’information islandais » et sur une publication qui devrait avoir un certain impact, le « Projet B ».
COLLATERAL MURDER
18 mars. Un document classifié du contre-espionnage états-unien de 2008, qui qualifie WikiLeaks de « menace pour la sécurité informationnelle de l’armée américaine », préconise l’envoi de fausses fuites, une campagne de presse pour ruiner son image et le harcèlement juridique des lanceurs d’alerte et des membres de WikiLeaks.
5 avril. Présentation par Assange du fameux « Projet B » lors d’une conférence au Club de la presse de Washington. Cette vidéo de dix-sept minutes, intitulée « Collateral Murder » (Meurtre collatéral) et issue d’images prises le 12 juillet 2007 à Bagdad, montre des civils mitraillés à l’arme lourde depuis un hélicoptère de l’armée US intégrant les commentaires des soldats comme dans un jeu vidéo 10. Au moins dix-huit personnes sont tuées, dont deux journalistes de l’agence Reuters portant du matériel audiovisuel et le conducteur d’une camionnette venu porter secours aux premiers blessés – il emmenait ses deux enfants à l’école ; ceux-ci, sur la banquette arrière, seront gravement blessés 11.
Dans les trois jours qui suivent sa publication sur YouTube, cette vidéo sera vue par quatre millions de personnes.
La diffusion de « Collateral Murder » a un impact inédit sur WikiLeaks et sur son principal porte-parole, désormais exposé aux commentaires et aux menaces. La plupart des éditorialistes et des présentateurs des chaînes TV soutiennent la version officielle de l’armée états-unienne, mettant en doute l’authenticité de la vidéo, les documents fuités et discutant le choix du titre plutôt que de vérifier les faits, qui ne pourront pas être contestés bien longtemps.
Plus que jamais, Assange cherche à créer en Islande une « zone indépendante politiquement où les lanceurs d’alerte seraient considérés non comme des ennemis publics mais comme des héros, où les conseils juridiques seraient nombreux et gratuits et où l’accès à Internet serait universel 12 ».
7 avril. Alors que WikiLeaks récolte près de 200 000 dollars de dons en quelques semaines, Assange tweete : « Nouveau modèle économique pour le journalisme : essayez de faire votre boulot pour une fois. »
Juin. Création par le Pentagone d’une « WikiLeaks Task Force », dans laquelle 120 personnes travaillent en secret pour neutraliser et détruire WikiLeaks 13. Menacé de mort, Assange se replie en Australie avant de reparaître à Bruxelles où il rencontre des journalistes du quotidien britannique le Guardian.
Face à l’abondance de documents à traiter et malgré une méfiance réciproque, WikiLeaks décide de coopérer avec les grands quotidiens nationaux. Le but est d’obtenir du renfort pour le traitement de la masse de documents et de donner plus de poids aux révélations.
16 juin. Les députés islandais votent à l’unanimité le texte proposant de faire de leur île un « paradis de l’information » 14. Bien qu’il s’agisse d’un immense progrès, cette loi n’est pas encore à la hauteur des ambitions initiales. Si des avancées seront encore obtenues en 2013, elles restent insuffisantes aux yeux de l’instigatrice de cette campagne, Birgitta Jónsdóttir.
Fin juin. À Londres, Assange rejoint des journalistes du Guardian et un représentant du New York Times pour travailler sur la fuite de 91 731 rapports confidentiels de l’armée US sur l’Afghanistan réunis sous le titre « The Afghan War Diaries » (journaux de guerre afghans) et couvrant la période janvier 2004-décembre 2009.
7 juillet. Analyste de l’armée des États-Unis alors âgé de 22 ans, officiellement désigné comme la source de « Collateral Murder », Bradley Manning est mis aux arrêts dans une prison militaire au Koweit. Manning a été dénoncé par le hacker Adrian Lamo, qu’il avait choisi comme confident 15. Expliquant et revendiquant la signification de son acte, Manning a aussi confirmé que sa connaissance de la nature des documents divulgués lui permettait de s’assurer qu’ils ne mettaient aucun soldat en danger 16.
« LES CARNETS DE GUERRE AFGHANS »
25 juillet. Après un mois d’enquête et de vérification, le Guardian (en Angleterre) le New York Times (aux États-Unis) et le Spiegel (en Allemagne) publient conjointement leur analyse des « Afghan War Diaries ». Révélation des crimes de guerre des États-Unis et de leurs alliés extraite d’une banque de données de 91 000 documents, cette publication est « la plus grande fuite de l’histoire militaire 17 ».
Ces documents témoignent de la violation des droits humains (organisation d’enlèvements, détentions sans procès, tortures, etc.), de l’extension des frappes par drones – qui n’épargnent ni enfants, ni femmes (enceintes), ni citoyens américains ; et dévoilent les manoeuvres mises en place par les États-Unis pour cacher leurs agissements.
Confronté à l’impossibilité de contester les informations divulguées, Washington concentre sa propagande sur l’« irresponsabilité » de leur publication, Assange et sa source ont « peut-être déjà sur les mains le sang d’un jeune soldat ou celui d’une famille afghane », déclarent le secrétaire à la Défense des États-Unis Robert Gates et l’amiral Michael Mullen. Cette accusation ne sera jamais prouvée, mais les relais médiatiques ont activement contribué à ce procès public en irresponsabilité. Sept ans plus tard, même le rapport secret du département US de la Défense (publié en 2017 par WikiLeaks) n’a pu confirmer que ces révélations ont menacé la sécurité des États-Unis 18.
Pour se défendre de ces accusations, WikiLeaks n’a pas seulement collaboré avec des grands titres de presse, mais aussi sollicité le Pentagone pour qu’il efface lui-même les noms d’agents potentiellement menacés. À cette proposition, les autorités ne donnent pas suite, puis en nient l’existence – dont WikiLeaks publiera toutefois la preuve 19. Enfin, les noms des personnes à protéger seront effacés par WikiLeaks avant la mise en ligne d’un lot de documents – tandis que près de 15 000 ne seront pas divulgués 20.
Au centre de toutes les attaques, Assange se sent protégé tant qu’il reste « dans la lumière » et continue d’être une menace pour ses adversaires. Ainsi garde-t-il comme « son assurance-vie » une réserve de 260 000 câbles compromettants. Malgré le harcèlement du Guardian – qui en avait récupéré une copie auprès d’un membre de WikiLeaks en Islande –, Assange tenait ces documents comme impossibles à rendre publics tels quels. Alors que le Guardian inverse les rôles et reporte sur Assange l’accusation d’irresponsabilité, ce dernier confie ces documents à des contacts en Europe, au Cambodge et à Daniel Ellsberg 21. Les États-Unis font pression sur le Royaume-Uni, la France et l’Australie pour restreindre ses déplacements et Assange ne prend pas le risque de se rendre à New York pour une conférence, manquant la rencontre avec Ellsberg.
26 juillet. Bradley Manning est officiellement désigné par l’armée états-unienne comme la source des « Afghan War Diaries ».
L’AFFAIRE SUÉDOISE 22
Août-septembre. Invité en Suède afin de participer à un séminaire organisé par la branche chrétienne du Parti social-démocrate, Assange vient dans l’idée que ce pays, dont la législation protège la liberté de la presse, pourrait constituer un refuge pour WikiLeaks. À son arrivée, il découvre que ses cartes bancaires ont été bloquées par les services états-uniens. Durant son séjour à Stockholm, il est hébergé par la secrétaire politique du Parti social-démocrate qui l’a invité et fait aussi la connaissance d’une femme qui assiste au séminaire.
Après que les deux femmes ont découvert que chacune a eu des relations sexuelles avec Assange, la première l’accusera d’avoir continué un rapport après avoir délibérément retiré ou déchiré son préservatif ; la seconde que leur rapport initial était consenti mais pas le suivant, survenu le lendemain matin, cette fois sans protection. Il apparaîtra dans les déclarations que la seconde aurait permis à Assange de continuer en espérant qu’il n’ait pas le Sida. Elle lui demandera par la suite de passer un test de dépistage. Le 20 août, Assange se serait engagé à le faire dès le lendemain – mais aurait reporté sa promesse car c’était un week-end et que les centres étaient fermés. Les deux femmes se donnent alors rendez-vous dans un commissariat de Stockholm pour demander conseil dans le but d’obliger Assange à réaliser un test.
Selon leur avocat, elles n’étaient pas sûres de vouloir porter plainte mais se seraient décidées à le faire sous l’influence de la policière qui leur a précisé qu’il pouvait s’agir d’un « crime sexuel » 23.
C’est par voix d’un tabloïd qu’Assange apprend qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour « crime sexuel ».
— 21 août : Assange se met à la disposition des autorités suédoises et réalise le test de dépistage (négatif) ;
— 25 août : procureure en chef de Stockholm, Eva Finné clôt l’enquête préliminaire après avoir levé le mandat d’arrêt contre Assange et estimé que les preuves ne relevaient pas du viol et le comportement allégué d’aucun crime ;
— 27 août : un avocat désigné par le tribunal et représentant les intérêts des deux femmes fait pression pour que l’enquête soit rouverte ;
— 30 août : Assange fait sa déposition à la police et répond aux questions posées ;
— 1er septembre : Marianne Ny – procureure générale suédoise spécialisée dans les crimes sexuels et oeuvrant pour la qualification comme viol du refus d’utiliser un préservatif – rouvre l’enquête sur le délit de « sexe par surprise » (passible de 546 euros d’amende en Suède). Assange accepte de répondre à une convocation mais Marianne Ny tombe malade ;
— 27 septembre : Assange quitte la Suède, puisqu’il y est autorisé. Il propose de revenir le 10 octobre, ou n’importe quel jour de la semaine suivante. La procureure Ny rejette cette proposition qu’elle trouve trop lointaine dans le calendrier.
LÂCHAGES EN SÉRIE ET NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR LES GUERRES AMÉRICAINES
Septembre. Les polémiques autour de la publication des « Afghans War Diaries », la grande exposition médiatique d’Assange et le scandale suédois contribuent à finir de dégrader les relations au sein de la petite équipe de WikiLeaks, que Domscheit-Berg quitte avec les clés d’accès destinées aux lanceurs d’alerte et 3 500 documents qu’il ne juge plus en sécurité – et finira par détruire 24. Momentanément paralysé, WikiLeaks est également lâché par la députée islandaise Birgitta Jónsdóttir. Cette grande fragilité, désormais notoire, l’organisation reposant sur si peu de moyens et d’individus, est analysée par Assange comme un avantage qui inquiète les États, au point où il est impératif pour eux d’en faire un contre-exemple 25.
Octobre. Kristinn Hraffnsson et Sarah Harrison, qui ont rejoint WikiLeaks, préparent la publication d’une nouvelle salve de documents issus des fuites de Manning sur la guerre en Irak.
La nouvelle équipe coopère avec des journalistes du Guardian, du Spiegel, du New York Times et du site Iraq Body Count. « The Iraq War Logs » contiennent 391 832 notes officielles sur la guerre d’Irak pour la période 2004-2009. Plus édifiants encore que les précédents, ces documents dévoilent la distance entre le conflit vendu par la propagande et la réalité faite de crimes de guerre, d’assassinats de journalistes et de civils non combattants. Sur les 109 032 morts répertoriés, 60 % sont des civils, 700 ayant été abattus (dont des femmes enceintes) pour s’être trop approchés de check-points.
En plus de ces documents, le « Red Cell Memorandum », rapport secret de la CIA, dévoile la stratégie de manipulation de l’opinion publique en Europe pour obtenir, sinon son consentement, au moins son « apathie » face aux guerres d’Afghanistan et d’Irak – par exemple, en jouant sur la popularité du président Obama et en instrumentalisant le sort des femmes afghanes au service de ces guerres « humanitaires ».
20 octobre. À la veille de la conférence de presse de WikiLeaks à Londres, le Guardian et le Spiegel demandent à être retirés de la communication. Ce qui fragilise, aux yeux des médias et des commentateurs, le statut de journaliste d’Assange, celui-ci le protégeant d’une accusation de complicité avec sa source, un des angles d’attaque des États-Unis pour le poursuivre en vertu de l’Espionage Act de 1917.
23 octobre. Pourtant partenaire de WikiLeaks, le New York Times accuse Assange d’avoir « du sang sur les mains ».
18 novembre. La procureure suédoise Marianne Ny, prenant quelques libertés avec les propos des plaignantes, lance un mandat d’arrêt européen pour délit sexuel contre Assange. Depuis le Royaume-Uni, celui-ci réaffirme des relations sexuelles consenties et dénonce un prétexte pour l’extrader de Suède vers les États-Unis, où il risque la prison à vie, voire pire 26.
LE « CABLEGATE » OU LA VÉRITÉ SUR LA DIPLOMATIE OCCIDENTALE
28 novembre. Constitué de 251 287 câbles diplomatiques échangés entre le département d’État US, les ambassades et les consulats états-uniens depuis les années 1970, le « Cablegate » confirme la soumission généralisée à la politique étrangère des États-Unis et révèle le mépris avec lequel leurs alliés sont traités par le corps diplomatique de Washington.
Après la trahison du 23 octobre, Assange exclut le New York Times et signe un contrat d’exclusivité avec le Guardian – mais le quotidien anglais continue de collaborer avec son confrère d’outre-Atlantique, essayant de forcer la publication des documents, motivé par l’appât du scoop sensationnel plus que par les règles de déontologie du journalisme dont il se targue 27. El País, le Spiegel et Le Monde deviennent des partenaires sur des sujets d’intérêt régional.
Le « Cablegate » provoque l’exfiltration de nombreux agents et indicateurs des États-Unis. Au-delà des effets de panique dans la diplomatie états-unienne, ces documents permettent de comprendre « les stratégies et les motivations des responsables américains telles qu’ils les ont exprimées entre eux et non comme ils ont l’habitude de les exprimer au public », précise WikiLeaks. Parmi des milliers d’informations, on apprend que (sur ces dernières années) :
— les États-Unis ont négocié la prise en charge de prisonniers de Guantánamo avec notamment la Belgique et la Slovénie ;
— l’Arabie saoudite, Israël, la Jordanie et Bahreïn ont fait pression sur les États-Unis pour qu’ils attaquent l’Iran ;
— dès 2006, « déstabiliser le gouvernement syrien était une motivation centrale de la politique américaine » ;
— les États-Unis ont bombardé le Yémen en secret ;
— parmi de nombreuses interventions de déstabilisation en Amérique du Sud, les États-Unis ont encouragé les régions riches boliviennes à faire sécession pour affaiblir Evo Morales ;
— l’État chinois a mené une cyber-attaque sur Google pour l’inciter à se retirer de leur territoire et des hackers chinois ont pénétré les sites du gouvernement et de plusieurs entreprises états-uniennes ;
— Hillary Clinton a fait « espionner » le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon ;
— Hillary Clinton a demandé au département d’État de collecter les « données biométriques », y compris les « empreintes, photos d’identité, l’ADN et les scans rétiniens » de dirigeants africains ;
— les États-Unis ont préparé avec les dirigeants sud-coréens l’après-Kim Jong-un ;
— Berlusconi et Poutine sont très proches, ils s’échangent des « cadeaux somptueux » et s’entendent sur des contrats énergétiques.
Le Monde rapporte qu’avant de se présenter aux présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy faisait allégeance au président George W. Bush, annonçant sa candidature à son conseiller économique seize mois avant de la rendre publique aux Français. Selon l’ambassadeur US Craig Stapleton, le candidat « s’est lamenté de l’état troublé des relations entre les États-Unis et la France au cours des dernières années » – soit une critique de la diplomatie d’un gouvernement (celui de Chirac-Villepin) dans lequel il siège comme ministre de l’Intérieur 28.
Comme plusieurs dirigeants, le président Sarkozy juge les publications de WikiLeaks « irresponsables ».
De nombreux éditorialistes français partagent ce point de vue, plaidant pour le secret-défense et contre l’excès de transparence 29.
LA TRAQUE DE L’ENNEMI DE WASHINGTON
30 novembre. Un mandat d’arrêt international est lancé contre Assange, bien que son lien avec la source des fuites ne soit pas établi, que l’Espionage Act soit une loi interne et qu’il ne soit pas de nationalité états-unienne. Aussi, en tant que journaliste et éditeur, Assange devrait être protégé par le premier amendement censé garantir la liberté d’expression et de la presse. Un grand jury s’est réuni en secret dans l’État de Virginie (avec l’appui du FBI) pour étudier comment poursuivre Assange et a émis un acte d’accusation sous scellés 30.
En attendant la bataille judiciaire, le site de WikiLeaks subit une importante attaque informatique, le vice-président Joseph Biden qualifie Assange de « terroriste high-tech 31» et la secrétaire d’État Hillary Clinton aurait demandé : « Ne peut-on pas envoyer simplement un drone sur ce type 32 ? »
4 décembre. Le blog de la société PayPal subit une cyber-attaque d’Anonymous. L’opération « Venger Assange » est lancée. Les cibles suivantes seront le procureur général de Suède, le sénateur états-unien Joseph Lieberman, Sarah Palin, MasterCard et Visa, EveryDNS ; puis la CIA, diverses banques, des ordinateurs de l’Otan, du FBI, etc.
7 décembre. À la demande de la justice suédoise, Assange se rend à la police britannique. Après avoir fourni un échantillon ADN et subi dix jours d’incarcération, il est relâché sous caution mais doit porter un bracelet électronique. La Suède refuse toujours de fournir l’assurance qu’Assange ne sera par extradé aux États-Unis.
23 décembre. À la demande du sénateur du Connecticut Joseph Lieberman, le nom de domaine de WikiLeaks est supprimé aux États-Unis. Le site bascule sur un nom de domaine en Suisse. Les sites miroirs restent accessibles.
24 décembre. Sacré « Homme de l’année » par la rédaction du Monde, Assange est à la « une » du Times.
WikiLeaks a publié pendant tout le mois des câbles diplomatiques US sur la Tunisie. Traduits en français puis en arabe par TunisiaLeaks – alors que Le Monde et Al Akhbar (Tunis) ont été censurés –, ils attisent l’opposition au régime. Aux éléments sur la corruption du clan Ben Ali, ces câbles dévoilent qu’en cas de conflit avec l’armée, les États-Unis pourraient ne pas soutenir le régime.
8. Guillaume Ledit et Olivier Tesquet, Dans la tête de Julian Assange, Actes Sud, 2020.
9. Voir le film We Steal Secrets : la vérité sur WikiLeaks, op cit., p. 193.
10. « Collateral Murder », WikiLeaks, 5 avril 2010.
11. Voir le documentaire d’Étienne Huver et Marina Ladous, Julian Assange, l’homme traqué, Slug News, Arte France, 2019.
12. Citation de Guillaume Ledit et Olivier Tesquet, Dans la tête de Julian Assange, op. cit., p. 204.
13. Philip Shenon, « Wikileaks founder Julian Assange hunted by Pentagon over massive leak », The Daily Beast, 10 juin 2010.
14. Pierre Demoux, « L’Islande, nouveau paradis de l’information », Les Échos, 21 juin 2010.
15. Sur les justifications d’Adrian Lamo (retrouvé mort, de cause inconnue, le 14 mars 2018 dans un appartement du Kansas), voir le film We Steal Secrets : la vérité sur WikiLeaks, op. cit., p. 193.
16. Voir le documentaire de Tim Travers Hawkins, XY Chelsea, Pulse films, 2019.
17. « Les secrets de fabrication des “Carnets de guerre” de WikiLeaks », Libération, 26 juillet 2010.
18. Jason Leopold, « Secret report contradicts US position on Chelsea Manning leaks », BuzzFeed, 20 juin 2017.
19. Glenn Greenwald, « Why won’t the Pentagon help WikiLeaks redact documents? », Salon, 20 août 2010.
20. Le dossier « Dommages humains » est disponible sur Belgium4Assange.
21. Lire également « Qui ne crierait pas lorsque les enjeux sont aussi élevés ? », supra, p. 142.
22. Sur cette section, lire Delphine Noels, « Julian Assange, une vie. Épisode 17 », POUR, 17 décembre 2020 ; « Julian Assange et l’affaire Suédoise. Dépositions et témoignages à la police », Le Grand Soir, 7 décembre 2019 ; Sling Trebuchet, « Déconstruction d’un mensonge médiatique : la Suède et Julian Assange », Le Grand Soir, 3 mars 2020.
23. Cette déclaration est confirmée par un SMS envoyé depuis le commissariat par l’une des plaignantes. Lire Anne-Françoise Hivert, « Les nuits suédoises de Julian Assange », Libération, 27 décembre 2010. Lire également « L’Empire n’en a pas fini avec Julian Assange », supra, p. 38.
24. Selon Daniel Domscheit-Berg, c’est Assange qui l’aurait viré après une houleuse relation dont il donne sa version dans Inside WikiLeaks : dans les coulisses du site Internet le plus dangereux du monde (Grasset, 2011), livre dont les droits ont été vendus à Steven Spielberg, dont la société DreamWorks produira le film réalisé par Bill Condon Le Cinquième Pouvoir (2013), où il tient le beau rôle et Assange celui d’un égocentrique autoritaire.
25. Voir « Conversation avec Julian Assange » (2015) dans le complément du DVD Hacking Justice.
26. Comme on peut le voir dans le film Hacking Justice, Assange a été directement menacé sur des plateaux de télévision ; mais aussi sur Facebook, où Sarah Palin en appelle, le 29 novembre 2010, à « traquer Julian Assange avec la même obstination que lorsque nous avons poursuivi les leaders d’Al-Qaida ou ceux des talibans ».
27. Lire également « Qui ne crierait pas lorsque les enjeux sont aussi élevés ? », supra, p. 142.
28. Rémy Ourdan, « WikiLeaks : Nicolas Sarkozy, l’“Américain” », Le Monde, 30 novembre 2010.
29. Parmi de nombreux exemples, Laurent Joffrin a fait preuve, dans Libération, d’hésitations et de tergiversations symptomatiques – lire Julien Salingue, « La tempête WikiLeaks et la girouette Libération », Acrimed, 15 décembre 2010.
30. Lire « Contre l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis », Challenge Power ; Delphine Noels, « Le procès d’extradition – Une interview de Marc Molitor (2020) – Julian Assange », POUR, 3 janvier 2021.
31. Ewen MacAskill, « Julian Assange like a hi-tech terrorist, says Joe Biden », The Gardian, 19 décembre 2010.
32. Hillary Clinton a déclaré : « Cela aurait été une blague, si cela avait été dit, mais je ne m’en souviens pas. » Madeline Conway, « Clinton: I don’t recall joking about droning Julian Assange », Politico, 10 avril 2016.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur © Hacking Justice (Livre + Film en téléchargement)