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PRISM, le nouveau Big Brother

Le programme américain d’espionnage, PRISM, qui fait couler tant d’encre aujourd’hui, n’est pas nouveau. Il a été lancé par George Bush en 2007. C’est Edward Snowden, 29 ans, ancien employé de la CIA avant d’être recruté à la NSA, (l’agence de sécurité nationale américaine), qui a révélé la réactivation du programme PRISM à une échelle plus vaste dans une interview accordée au Guardian on line, à Hong-Kong, le 9 juin.

Ce programme ultraconfidentiel consiste à prendre directement dans les serveurs de neuf compagnies internet, dont Microsoft, Apple Yahoo ! Google, Facebook et Skype, tout ce qui intéresse les services de renseignements américains. Courriels, chats, photos, vidéos et autres fichiers, voire mots de passe ou codes confidentiels sont mis à la disposition de ce Big Brother, version 21ème siècle. À noter, cependant, que Twitter, selon le New York Times, a refusé de collaborer avec la NSA.

Les compagnies visées ont-elles donné leur accord ? Sitôt l’information diffusée par le Washington Post et le Guardian, elles ont évidemment démenti formellement avoir fourni volontairement un accès à leurs serveurs au profit de la NSA (Agence américaine de sécurité nationale). Apple est allé jusqu’à nier connaître le programme Prism, ce qui paraît pour le moins étonnant. Le Washington Post a publié un mémo confidentiel de la NSA disant que « les compagnies sources doivent être protégées. Elles risqueraient de s’éloigner du programme si leur nom venait à être cité. » Cela laisse donc peut de doute sur la non implication des compagnies. Selon le New York Times, « on a demandé aux entreprises de créer une boîte aux lettres verrouillée et d’en donner la clé au gouvernement. Les données partagées sont ensuite autorisées par les avocats des entreprises qui vérifient la conformité par rapport au Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA, loi sur la surveillance du renseignement extérieur) et aux pratiques de la compagnie. Elles ne sont donc pas envoyées automatiquement ou en vrac et le gouvernement n’a pas un accès illimité aux serveurs des compagnies. » Ce système d’espionnage planétaire en est-il plus acceptable, pour autant ?

Si le programme n’est pas nouveau, ce qui l’est, en revanche, c’est son développement exponentiel avec l’accord de l’administration Obama. Selon les rapports diffusés par la presse, PRISM serait un « système informatique interne au gouvernement, utilisé pour faciliter » le traitement des informations qu’il reçoit à partir des serveurs sous la forme d’une « matière première » pour en faire un produit fini sous forme de rapports d’espionnages quotidiens à destination du Président. Selon le Guardian et les documents classifiés révélés dans ses colonnes, la NSA dispose d’une agence interne chargée de collecter des metadata, soit des informations brutes sur le volume de messages, à travers le monde entier. Cet « instrument » appelé Informant Boundless ou « Informateur sans frontière », permet « de sélectionner un pays sur une carte pour en évaluer les « metadata » et de sélectionner des données plus détaillées ». Selon le Guardian, la carte mondiale thermique top secret de la NSA, montrait, pour mars 2013, 97 milliards d’éléments puisés dans le réseau internet mondial. Au premier rang, l’Iran avec plus de 14 milliards, suivi par 13,5 milliards pour le Pakistan, 12,7 milliards pour la Jordanie, l’un des plus proches alliés arabes des Etats-Unis, l’Égypte avec 7,6 milliards et l’Inde avec 6,3 milliards.

Le programme ultra-secret jusqu’à ce jour, est-il légal ? Face au déchaînement de la presse internationale sur le sujet depuis les révélations du Washington Post et du Guardian, le directeur de la NSA, James Clapper, a dû répondre aux accusations. PRISM, dit-il, est un programme légal, développé sous l’autorité du Congrès américain. Il a bien reconnu que les agences de renseignement et espionnage américaines ont bien utilisé les fournisseurs en télécommunication mais que cette pratique n’avait donc rien d’illégale et était autorisée par les tribunaux, notamment sur la base du FISA.

Pour justifier le programme PRISM, James Clapper a précisé que la surveillance internet de citoyens américains dans le monde ou de citoyens étrangers vivant légalement sur le territoire américain, doit être dûment justifiée et documentées par les services de renseignement, et concerne la lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes ou les cybermenaces. Il est clair que la NSA ne respecte pas cette loi et que le Congrès américain comme l’administration Obama en sont les complices actifs.

La mise au point de James Clapper intervenait, en effet, deux jours après l’intervention de Barack Obama, lui-même, qui a réagi, pour la première fois, à ces « fuites » en expliquant aux Américains que les écoutes sont légales et nécessaires. « Personne n’écoute vos conversations, a-t-il déclaré. Ce que les services de renseignement font, c’est de regarder les numéros de téléphone et la durée des appels. Ils ne cherchent pas les noms des gens et n’examinent pas les contenus sans l’autorisation d’un juge. Pour ce qui est de l’internet et des courriels, cela ne s’applique pas aux citoyens américains, ni aux personnes vivant aux États-Unis. » Et qu’en est-il du reste de la planète, des milliards de citoyens cyberespionnés qui ne sont pas américains ou étrangers vivant sur le sol américain ? serait-on tentés de demander à Barack Obama, décidément très « impérialiste ».

Complice, également, le gouvernement britannique qui a utilisé, lui aussi, le programme PRISM pour sa propre collecte de renseignements. Le 10 juin, William Hague, ministre britannique des Affaires étrangères, sommé par l’opposition travailliste, a dû s’expliquer devant le Parlement. Bien sûr, il a tenu un discours rassurant et minimisé la portée de l’action des services secrets. Bien sûr, aussi, il s’est référé « au cadre légal très solide » dans lequel les services agissent « pour le bien et la sécurité de tous », en ne ciblant que le nécessaire. « Les services de renseignement ont besoin de récolter des informations de l’étranger, surtout pour la lutte contre le terrorisme, cela doit se faire dans un cadre légal, approuvé par le Parlement, de façon à pouvoir installer des garde-fous », a déclaré la travailliste Yvette Cooper.

C’est le ministre des Affaires étrangères qui, en Grande Bretagne a la responsabilité des services d’écoutes et du renseignement extérieur, le MI6. William Hague a reconnu l’échange de renseignements avec Washington. Selon le Guardian, en 2012, 197 rapports d’information sur des citoyens britanniques auraient été élaborés grâce aux informations fournies par PRISM. Le groupe britannique de défense des libertés civiles Big Brother Watch a décidé de poser des questions au plus haut niveau afin d’« établir si la vie privée de certains citoyens britanniques a été violée, sans respect de la procédure légale ». Ailleurs, des voix commencent à s’élever contre ce qui est considéré comme la violation du droit de l’homme au respect de sa vie privée.

Christine Abdelkrim-Delanne

(sources : Washington Post, Guardian online, New York Times)

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