2 décembre 2011 – La nouvelle industrie secrète qui opère dans plus de 25 pays.
On pourrait dire que c’est un mauvais film, mais les systèmes d’interception massive fabriqués par des entreprises « occidentales » et utilisés, entre autres, contre les opposants politiques sont aujourd’hui une réalité.
…/En collaboration avec Budget Planet et Privacy International et avec des médias de 6 pays (OWMI pour la France) Wikileaks met sous le projecteur cette industrie secrète dont la croissance a explosé depuis le 11 Septembre 2001 et qui représente des milliers de millions de dollars par an.
Wikileaks a publié 287 documents cette fois-ci, mais le projet « Un monde sous surveillance » est lancé et de nouvelles informations seront publiées cette semaine et durant l’année qui vient.
Les entreprises internationales de surveillance sont localisées dans les pays qui disposent des technologies les plus développées. Elles vendent leur technologie dans tous les pays du monde. Cette industrie, dans la pratique, n’est pas régulée. Les agences de renseignement, les forces militaires et les autorités de la police sont capables d’intercepter massivement, sans être détectées et dans le plus grand secret, les appels téléphoniques, de prendre le contrôle des ordinateurs, cela sans que les FAI s’en rendent compte ou sans qu’ils aient fait quelque chose pour l’empêcher. La localisation des usagers peut de faire pas à pas s’ils utilisent un téléphone portable, y compris s’il est éteint.
Les dossiers de « Un monde sous surveillance » vont bien au-delà du simple « les gentils pays occidentaux » exportent leurs technologies aux « méchants pays en voie de développement ». Les sociétés occidentales vendent aussi un vaste catalogue d’équipements de surveillance aux agences de renseignement occidentales.
Dans les romans d’espionnage classiques, les services de renseignement – comme la DGSE ou la MIS – plaçaient sur écoute téléphonique une ou deux personnes qui les intéressaient. Durant les 10 dernières années, la surveillance de masse est devenue la norme. Des sociétés de renseignement, comme VASTech, ont vendu en secret des équipements qui enregistrent en permanence les appels téléphoniques de pays entiers. D’autres enregistrent la position de tous les téléphones portables d’une ville avec une précision de 50 mètres. Des systèmes susceptibles de porter atteinte à l’intégrité de personnes dans une population civile qui utilise Facebook ou possède un smartphone sont en vente dans ce marché du renseignement.
VENTE D’OUTILS DE SURVEILLANCE A DES DICTATEURS
Lors du printemps arabe, quand les citadins ont fait tomber les dictateurs en Egypte et en Libye, ils ont eux-mêmes découvert les systèmes d’écoute à partir desquels, avec les équipements anglais de Gamma, français de Amesys, sud-africains de VASTech ou chinois de ZTE, leurs moindres faits et gestes en ligne ou par téléphone étaient suivis.
Des entreprises de renseignements, comme SS8 aux Etats-Unis, Hacking Team en Italie et Vupen en France, fabriquent un virus (Cheval de Troie) qui permet de pirater les ordinateurs et les téléphones (y compris iPhones, Blackberry et Android), de prendre leur contrôle et d’enregistrer toutes leurs utilisations, leurs mouvements et même les images et les sons venant de la pièce où leurs utilisateurs se trouvent. D’autres sociétés, comme Phoenexia en République Tchèque, collaborent avec les militaires pour créer des outils d’analyse de la voix. Ils identifient les utilisateurs et déterminent leur sexe, leur âge, leur niveau de stress, et les suivent ainsi au moyen de leur « empreinte vocale ». Blue Coat aux Etats-Unis et Ipoque en Allemagne, vendent leurs outils à des pays comme la Chine et l’Iran afin qu’ils empêchent que leurs dissidents s’organisent sur Internet.
Trovicor, filiale de Nokia Siemens Networks fournit le gouvernement de Bahrein en technologies d’écoute qui lui ont permis de suivre la piste du défenseur des droits de l’homme Abdul Ghani Al Khanjar. Des détails de conversations avec son téléphone portable personnel, qui dataient d’avant qu’il ne soit interrogé et frappé durant l’hiver 2010 lui ont été montrés.
LES ENTREPRISES DE SURVEILLANCE PARTAGENT LEURS DONNEES AVEC LES ETATS.
En juin 2011, la NASA a inauguré dans le désert de l’Utha un site destiné à stocker pour toujours des milliers de Go de données aussi bien américaines qu’étrangères afin de pouvoir les analyser au cours des années à venir. Toute l’opération a coûté un million et demie de dollars.
Les entreprises de télécommunications sont disposées à révéler leurs bases de données sur leurs clients aux autorités du pays où elles seraient. Au moment des explosions du mois d’août en Angleterre, les principaux responsables ont montré comment le Research In Motion (RIM), qui commercialise les Blackberry, a proposé au gouvernement d’identifier ses clients RIM a participé à des négociations similaires avec les gouvernements de l’Inde, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, en leur proposant de partager les bases de données issues de la messagerie des Blackberry.
TRANSFORMER LES BASES DE DONNEES EN ARMES TUE DES INNOCENTS
Il y a actuellement de nombreuses entreprises qui commercialisent des logiciels d’analyse de données, les transformant en des instruments puissants utilisables par les militaires et les services de renseignement. Par exemple, dans les bases militaires américaines, les pilotes de l’armée de l’air utilisent un joystick et un écran vidéo qui reçoit un signal pour piloter les drones « Predator » au cours des missions de surveillance au Moyen Orient et en Asie Centrale. Ces bases de données sont accessibles aux membres de la CIA qui s’en servent pour lancer des missiles "Hellfire" sur leurs cibles.
Les représentants de la CIA ont acheté des logiciels qui leur permettent de mettre en relation instantanément les signaux téléphoniques et les empreintes vocales pour déterminer l’identité et la localisation d’un individu. L’entreprise Inteligence Integration Systems Inc. (IISI), basée au Massachusetts, commercialise dans ce but un logiciel « d’analyse basé sur la position » nommé « Geospatial Toolkit ». Un autre société, Netezza, également sise au Massachusetts, et qui a acheté ce même logiciel en prétendant analyser son fonctionnement, en a vendu une version modifiée à la CIA, afin d’en équiper les avions pilotés à distance.
IISI, qui indique que son logiciel a une marge d’erreur de plus de 12 mètres est entré en conflit avec Netezza pour empêcher l’utilisation de ce logiciel. Le créateur de la société IISI, Rich Zimmerman, a déclaré devant un tribunal être « stupéfait et assommé par le fait que la CIA avait l’intention de tuer des gens avec [son] logiciel qui ne fonctionnait pas ».
UN MONDE ORWELLIEN
Dans le monde entier les fournisseurs d’outils de surveillance de masses aident les services de renseignement à espionner les citoyens et les « groupes d’intérêt » sur une grande échelle.
COMMENT NAVIGUER PARMI LES DOCUMENTS DE « UN MONDE SOUS SURVEILLANCE » ?
Le projet « Un monde sous surveillance » de Wikileaks révèle jusque dans les détails quells sont les sociétés qui se font des milliers de millions en vendant des systèmes de surveillance élaborés aux gouvernements, en passant au dessus des normes d’exportation et en ignorant superbement que les régimes auxquels elles vendent leurs produits sont des dictatures qui ne respectent pas les droits de l’homme.
Pour effectuer une recherche dans ces documents, cliquer sur l’endroit choisi à gauche de la carte pour obtenir la liste par typen compagnie date ou mot-clés.
Pour visualiser ces sociétés sur la carte du monde, utiliser l’outil d’OWMI. http://ciperchile.cl/multimedia/un-mundo-bajo-vigilancia/
CARTE (Pour les Chevaux de Troie, L’UE et la France font mieux que les USA !):
Source : http://ciperchile.cl/2011/12/02/el-ultimo-golpe-de-wikileaks-mapa-identifica-a-las-empresas-que-tienen-al-mundo-bajo-vigilancia/